LÀ OÙ NAÎT LA LUMIÈRE : je danse sous l’orage de ma pluie
RÉSISTER POUR EXISTER : L’ART DE NE PAS SE LAISSER ÉTEINDRE
« Je me révolte, donc nous sommes. »
Il y a des silences qui tuent, des absences qui enferment, des acceptations qui nous enterrent vivants. Nous vivons dans un monde où tout est pensé pour nous avant même que nous ayons le temps de nous poser la question : Qui suis-je ?
On nous façonne, on nous modèle, on nous dresse.
Nous ne naissons pas libres… Nous devons arracher cette liberté aux griffes d’un ordre établi qui ne veut que notre soumission.
Et pourtant, certains d’entre nous se lèvent.
Certains refusent de plier.
Certains choisissent de résister.
Mais qu’est-ce que résister ?
Et surtout, pourquoi la résistance est-elle le premier acte de l’existence ?
L’ÉTYMOLOGIE : Quand les mots nous révèlent leur puissance.
Les mots sont des clefs. Avant de parler de résistance et d’existence, encore faut-il s’accorder sur leur sens, car il est impossible de comprendre l’Autre si nous ne partageons pas le même dictionnaire.
RÉSISTER vient du latin resistere : se tenir en arrière, s’opposer, tenir bon. Il y a dans ce mot une idée de confrontation, mais aussi d’ancrage. Résister, ce n’est pas seulement s’opposer, c’est tenir debout face à ce qui tente de nous soumettre.
EXISTER vient du latin ex-sistere : sortir de, se manifester, émerger. Exister, c’est donc apparaître au monde, se révéler, refuser l’effacement.
Résister et exister sont donc indissociables. Si je ne résiste pas à ce qui m’écrase, je disparais. Si je ne lutte pas pour ma propre lumière, je reste dans l’ombre.
Si je n’assume pas mon ombre je suis condamné à poursuivre la lumière et à ne jamais être la totalité de mon être.
L’ombre, ce sont nos peurs, nos pulsions, nos blessures, nos contradictions, tout ce que l’on refoule parce que la société, la morale ou notre propre ego nous l’interdit. Mais tant que nous ne la regardons pas en face, tant que nous la repoussons, elle nous hante, elle nous poursuit sous d’autres formes : projections, conflits intérieurs, désirs inassouvis.
Mais comment exister dans un monde qui nous apprend à nous fondre dans la masse ?
L’ILLUSION du libre arbitre : Sommes-nous déjà morts ?
Nous croyons être libres. Nous croyons choisir nos vies, nos désirs, nos croyances. Mais où est la liberté dans un monde où chaque rue, chaque écran, chaque église nous murmure ce que nous devons être ?
Nous sommes les enfants d’un empire qui ne dit pas son nom. Nous vivons encore sous Rome.
Le Christianisme a recouvert l’Europe d’un voile où la faute est le premier enseignement et la croix est le premier symbole que nous voyons avant même de savoir lire. Un homme crucifié, un corps supplicié, une dette éternelle: celle d’avoir osé vouloir être libre.
Constantin, dans un tour de force politique magistral, comprit que l’on ne détruit pas une révolte en l’écrasant, mais en l’absorbant. Jésus, cet insoumis prêchant l’autonomie spirituelle et la liberté intérieure, aurait pu faire vaciller l’ordre impérial, alors Rome ne l’a pas combattu : elle l’a sanctifié figé, codifié.
Un chef-d’œuvre de manipulation.
Un génie stratégique.
Un détournement absolu.
La foi vivante devint dogme, l’expérience personnelle devint loi, la révolte mystique se transforma en instrument de soumission. L’Empire troqua la toge pour la chasuble, le glaive pour la croix, la domination par la force pour la domination par la culpabilité et la peur du salut perdu. Rome ne tomba pas, elle muta en religion d’état, imposant non plus l’obéissance à César, mais celle à une église qui dictait la voie à suivre.
Et nous, aujourd’hui , que faisons-nous ?
Sommes-nous encore prisonniers de cet héritage, marchant dans les ruines de Rome sans même en avoir conscience ?
Que nous soyons croyants ou non, nous portons ce poids. Nous avons grandi avec cette idée qu’exister, c’est déjà une faute.
Trop rêver, c’est être irresponsable.
Trop parler, c’est déranger.
Trop aimer, c’est s’exposer.
Trop marcher, c’est fuir.
Alors nous nous agenouillons devant l’Autre, devant l’Ordre, devant la Règle.
Nous acceptons d’être moins que ce que nous sommes.
Nous nous coupons nous-même les ailes.
Nous sommes les enfants d’un empire qui ne dit pas son nom. Nous vivons encore sous Rome.
LES MYSTIQUES : Ceux qui ont refusé de plier
Mais certains ont refusé cette soumission. Certains ont compris que résister, c’est dire oui à la vie, pas non au monde.
JÉSUS a résisté à l’ordre religieux et politique de son époque, prêchant l’Amour et la liberté intérieure dans un monde qui ne voulait que la loi et la soumission. Il a marché avec les exclus, les prostituées, les malades, et a osé dire : Le Royaume est en vous. Résultat, Il fut crucifié pour cela. Résister, c’est refuser d’être un rouage dans la machine.
MARIE MADELEINE, réduite au silence par l’église, était pourtant l’incarnation de la femme libre et initiée. Elle portait en elle la Gnose que l’Eglise a voulu effacer par les massacres de tous ceux qui ont voulu la protéger. Marie Madeleine n’a pas fui lorsqu’on a voulu effacer son rôle, elle a continué de transmettre ce qu’elle savait. Quel aurait été le sens de s’enfermer dans une grotte alors que son entier lui a certainement dit « va dire à nos frères … » Résister, c’est survivre à la tentative d’effacement.
LE PROPHÈTE MOHAMED, seul contre la tempête , a d’abord résisté avec la parole, face aux puissants qui voulaient l’étouffer. Exilé, menacé, rejeté, il a tenu bon, un homme debout contre un monde qui tremblait sous le poids de ses propres injustices. Il a brisé les idoles, non par l’épée, mais par la vérité. Il a libéré les esclaves, non par la force, mais par la parole. Il a ouvert une brèche dans le silence des opprimés, donnant voix à ceux que l’histoire effaçait. Mais quand la tempête devint un ouragan, quand les siens furent traqués, il dut se faire roc et bouclier. Il devint stratège, non pour conquérir, mais pour survivre. Chaque bataille n’était qu’un dernier recours, chaque victoire un chemin vers la paix. Car résister, ce n’est pas seulement parler quand on veut nous faire taire, c’est aussi se lever quand le monde veut nous briser.
MAÎTRE ECKHART, ce moine dominicain du XIIIe siècle, osait dire que Dieu était en nous et non au-dessus de nous. Il fut condamné. Résister, c’est refuser d’être un esclave de la peur.
THÉRÈSE D’AVILA a fui les dogmes pour entrer en extase, pour se connecter à ce qui brulait en elle. Résister, c’est écouter son propre feu intérieur.
RÛMÎ, poète soufi, a tourné sur lui-même jusqu’à s’arracher au monde et danser avec l’invisible. Résister, c’est s’autoriser à être fou aux yeux des autres.
Tous ont résisté. Tous ont existé.
Parce qu’ils ont refusé d’être autre chose qu’eux-mêmes, sans succomber à la peur de ne pas être aimé.
Notre vie est un miracle : Pourquoi l’oublions-nous ?
Nous passons nos vies à chercher des signes, à interroger le silence des nuits pour savoir si nous sommes sur le bon chemin.
Nous demandons des réponses à l’univers, à Dieu, au destin, espérant qu’un signe viendra nous confirmer que nous sommes des gens biens.
Mais pourquoi avons-nous besoin d’un signe extérieur alors que notre simple existence est déjà une réponse ?
Le mot MIRACLE vient du latin miraculum, dérivé de mirari : s’étonner, contempler avec admiration. Un miracle, ce n’est pas une rupture dans les lois du monde, c’est le simple fait d’être là, vivant, contre toute probabilité, contre toute attente.
Nous sommes quotidiennement et à chaque instant le miracle que nous attendons.
Et pourtant, nous donnons nos vies à des entreprises qui ne nous parlent pas, qui ne nous inspirent pas.
Nous offrons nos jours à des systèmes qui nous utilisent comme des ressources, nous épuisent, nous vident, tout en nous faisant croire qu’ils sont à notre service.
À quel moment avons-nous accepté ce mensonge ?
Pourquoi avons-nous fait de notre propre servitude une évidence ?
Pourquoi acceptons-nous d’être le carburant d’une machine qui nous étouffe, qui ne nourrit ni notre âme ni notre cœur ?
Marcher, c’est refuser d’être “une” ressource !
Marcher, c’est refuser la vitesse imposée.
Marcher, c’est se libérer.
Marcher, c’est retrouver son souffle dans un monde qui nous étouffe. C’est reprendre possession de son temps et de sa trajectoire.
Marcher, c’est revenir à son corps alors que tout nous pousse à l’oublier. C’est se rencontrer et surtout commencer à s’aimer.
Quand nous marchons, nous résistons.
Nous résistons à l’immobilisme, à la servitude du confort, à l’enfermement de la sédentarité.
Nous choisissons un pas après l’autre de redevenir maître de notre propre rythme.
Quand nous marchons, nous n’alimentons plus la machine.
Nous lui tournons le dos.
Nous lui arrachons nos vies.
Alors, ce soir, au lieu de demander un signe,
au lieu d’attendre que quelqu’un nous dise que nous sommes sur la bonne voie,
si nous nous contentions d’avancer ?
Un pas après l’autre.
Vers nous-mêmes.
Vers ce que nous avons toujours été.
Libres.
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